Voyage en Tunisie au temps de la guerre psychologique, 3ème Partie
Le Kef dans la dernière terreur policière du Covid
Nous traversons une terre tunisienne brûlée par le soleil, des champs rouges fauchés et labourés, des villages et quelques petites villes comme Teboursouk. Sur le bord de la route à un embranchement se dresse un panneau indiquant le célèbre site archéologique, la ville romaine de Dougga. Quelques kilomètres plus loin le louage longe l’hôtel « Dougga » situé sur une colline dans une belle pinède. Le parking de l’hôtel est vide. Certes j’ai toujours été critique face aux nuisances causées par le tourisme de masse, mais l’ouest tunisien a souffert plutôt du sous-investissement touristique que du trop-plein de touristes. Il devient évident qu’il est criminel d’enfermer un petit pays entre le désert et la mer, d’interdire à ses habitants de sortir et aux visiteurs de venir. Le covid n’est pas une démondialisation souverainiste menant à un développement raisonnée, n’en déplaise à certains idéologues de gauche en Occident, mais bel et bien un mortel asservissement.
Lorsque nous arrivons au Kef, la belle cité historique juchée sur sa colline et dominée par la splendide casbah des Ottomans husseinites, je suis frappée par l’aspect endormi de la cité. Mon ami de Gafsa m’attend à la station de louage, nous trouvons vite un taxi pour monter jusqu’à la mosquée El Quaddryia en haut de la Médina. L’émotion m’étreint lorsque je rentre dans la cour de la maison Dar Meziene.
Dali, le propriétaire des lieux avait fait de sa la maison familiale un magnifique lieu de rencontres militantes et culturelles ou ont retentit tant de chants, de rires et de discussions politiques, de 2013 à 2020. Je sais déjà que Dali est mort en septembre du cancer et je lui rends un silencieux hommage devant sa photo qui orne la salle à manger si bien décorée de sa maison.
Le calme est toujours aussi parfait dans les chambres sous les voûtes du 17 siècle autour d’une cour dont le pavement date probablement du temps romain, la cave descendant probablement au niveau de la ville du temps de Carthage ! Ainsi est bâtie El Kef, du temps de de Jugurtha, de Carthage et Rome en passant par un moyen âge islamique flamboyant jusqu’au temps colonial des Français qui détruisirent les remparts mais construisirent une très belle promenade autour de la Médina, à partir de laquelle la vue sur la campagne fertile, la mer verte du grenier à blé romain est tout simplement époustouflante[1].
Les militants de la gauche keffoise et de l’Association pour la Sauvegarde de la Médina du Kef ont cherché à protéger cet ensemble urbain par une inscription au Patrimoine Mondiale de l’UNESCO mais pour l’instant le projet avait échoué quand le covid arriva et stoppa net les actions militantes et les visites de tourisme culturel.
Le Kef est aussi célèbre pour son théâtre militant et son festival de cinéma portés par les jeunes actifs, malheureusement souvent obligé de travailler ailleurs car la création d’emplois nécessaires au développement de la ville fait toujours défaut, 10 ans après la Révolution.
Malgré mon amour du Kef, je dois d’abord déchanter face à la réalité de l’oppression covidienne.
Tout d’abord il n’y a pas d’eau dans la chambre d’hôte. Le propriétaire actuel assure que la coupure d’eau prendra fin bientôt, mais si une douche peut attendre, il est bien nécessaire de boire. Nous entreprenons de descendre la rue pour trouver une épicerie et aller au café Cirta (nom numide du Kef) dans l’ancien cinéma des années 1920 surplombant la belle vue ou j’avais mes habitudes. Surprise, toutes les épiceries et le cafés sont fermés à double tour. Il fait très chaud, les rues sont désertes mais j’ai connu un Kef plus animé un vendredi après -midi d’été.
A force de poser des questions aux rares passants, on finit par nous indiquer une seule épicerie qui nous vend de l’eau. En cherchant sous un soleil de plomb nous trouvons un hôtel qui vend des cafés à emporter et le petit restaurant à côté du marché qui est encore ouvert jusqu’à 16 heures. Je suis surprise de voir toutes les boutiques sur le promenade complètement fermées, qu’il s’agisse de cosmétiques, de vêtements, d’accessoires domestiques, d’alimentation. Je n’ai jamais vu le Kef comme ça, c’est encore pire que Tunis le samedi du grand confinement !
Seul un vieil homme tient un stand de fruit et nous lui achetons des kilos de succulents raisins et des figues. Heureusement que le restaurant propose des sandwich mlawi et des poulets grillés frites. C’est par le serveur très obligeant que nous apprenons que le gouverneur de la région a imposé un confinement extrêmement sévère à la ville et visiblement la nouvelle donne politique à Tunis ne l’a pas fait fléchir. Comme il a interdit aux commerçant keffois de travailler le soir, ceux-ci en guise de protestation, ont refusé d’ouvrir dans la canicule de la journée, d’autant plus qu’il n’y a plus aucun touriste, seuls de rares visiteurs qui viennent rejoindre leurs familles. Des originaux comme nous, il n’y en a pas!
Si nous ne nous approvisionnons pas maintenant, nous n’aurons rien à manger et à boirejusqu’à demain matin ! Voilà à quoi mène l’absurde et criminelle politique covidienne !
A moins qu’un café clandestin n’ouvre à 20 heures quand le couvre-feu tombera… Je connais le mode d’emploi désormais, nous devons rester discrets. C’est pareil pour la possibilité de prendre un café en ce moment même. Un des hommes rencontrés, masque sur le visage, jure que « tous les cafés sont interdits à cause du covid », mais 100 mètres plus loin nous remarquons qu’un des grands établissements qui a pignon sur rue dissimule derrière des piles de chaises une discrète entrée… Nous sommes provisoirement sauvés, mais visiter la ville dans ces conditions précaires est évidemment impossible. Il nous faudra partir le plus vite possible, surtout qu’il n’est pas sûr que la voie vers Tabarka, vers la mer, soit entièrement libre.
Après avoir pris rendez-vous pour le matin nous nous reposons dans la maison de Dali et j’ai le bonheur de retrouver les ruelles magnifiques du Kef le soir. La brise d’été de la montagne est magique et les habitants de sortent en masse une fois la nuit tombée dans les cours, les rues, les escaliers de la médina et la promenade devant la casbah.
Malheureusement le romantique café sous les mûriers à l’ombre de la Zaouia Sidi Bou Makhlouf, que je considère comme l’un des plus beaux endroits de la Tunisie, peut-être de toute la Méditerranée, est fermé et le restera le lendemain matin également, « covid oblige », sans que je ne puisse comprendre si c’est une décision administrative, politique ou commerciale de la part des gérants. Encore heureux que le café n’ait pas été entièrement détruit comme il a failli l’être en 2016 lorsque la maison du 19ème siècle de la Zaouia dans laquelle il se trouve fut accaparé par un oligarque corrompu. Celui ci l’abattit et entreprit de construire sur les ruines des colonnes romaines et carthaginoises de ses soubassement une hideuse construction bétonnée pour un hôtel de luxe.
Les jeunes Keffois s’étaient révoltés contre cette destruction terrible du plus beau patrimoine tunisien, en avait appelé à l’UNESCO par-delà d’un Etat déliquescent pour arrêter le projet. J’ai médiatisé leur lutte et j’avais porté leur lettre à l’UNESCO après avoir documenté les destructions et essuyé des menaces de viol proférées part des milices du promoteur au moment où je prenais mes photos. La lutte avait été à moitié victorieuse : le café a pu rouvrir, mais le nouveau maitre de la parcelle a continué son œuvre malfaisante.
Le matin du 30 juillet 2021 j’ai pu voir qu’il avait enfin compris l’intérêt des « vieilles pierres », car en observant le chantier de sa bâtisse bétonnée (qui n’avait pas eu de problème d’eau contrairement à notre chambre d’hôtes…) j’ai constaté que les colonnes antiques avaient été intégré au mur clôturant le futur hôtel, telle une publicité de la Kef ancienne. C’est toujours ça de sauvé… même si notre impuissance est rageante face à ces destructions insensées !
La dictature covidienne est cependant encore pire que la simple oligarchie rapace qui est son prodrôme. J’en ai eu la preuve lorsque j’allais à mon entretien avec Mohamed Tlili, véritable mémoire du Kef, conservateur historique de son patrimoine, actuel Conseiller Municipal chargé du développement culturelle et économique et animateur de l’excellente page d’Information historique Forum pour l’Avenir du Kef[2]. Il n’y avait à nouveau pas d’eau dans notre chambre et je dus à regret lui annoncer que je ne pourrai pas rester dans ces conditions dans sa ville.
Notre entretien se déroula comme toujours dans son bureau de sa petite librairie à une encablure du marché et de la poste. Une dense file d’attente s’impatientait devant la poste et tous les commerces enfin ouvert regorgeaient de clients. Tout le monde se dépêchait de finir ses courses en prévision du mortifère verrouillage covidien dès midi.
Nous étions heureux de nous revoir après 3 ans mais nous n’avions qu’une heure pour raconter l’incroyable violence que nos sociétés subissent depuis un an et demi. Je demandais à mon ami comment comprendre cette situation ubuesque d’une ville ou les coupures d’eau sont quotidiennes et ou on ne peut rien acheter ni à manger ni même à boire 18 heures sur 24.
Il me confirma à quel point la dictature covidienne était destructrice pour le Kef, car elle a mis à bas le tourisme culturel si important dans les projets de développement de la ville. C’est la deuxième saison touristique gâchée, les festivals culturels ont été annulés et même les projets à long terme sont menacé si plus personne ne vient ici.
Politiquement mon interlocuteur est soulagé par l’action du président Kaïs Saïed, elle n’est pas encore suivie d’effet dans cette province « qui a tant été discriminée, sous régime militaire sous la France, sous régime militaire pendant les 15 premières années de l’indépendance car elle est frontalière de l’Algérie alors en guerre contre la France, puis abandonnée par Bourguiba et enfin ostracisée par Ben Ali » explique Mohamed Tlili. Du fait de cette longue histoire de répression, le gouverneur, qui pourtant n’est pas un nahdaoui, se permet d’imposer un régime beaucoup plus autoritaire qu’à Tunis ….Certes, au bout d’un an de propagande sur le covid, les gens peuvent avoir légitimement peur de la maladie. De plus le sous-investissement des hôpitaux dans la région est de notoriété publique, mais ce n’est pas en détruisant le peu de tissu économique qui reste que la situation s’améliorera.
Nous sommes tous les deux historiens, nous nous entendons parfaitement sur le thème que les confinements sont des mesures complètement barbares, car même au Moyen Age on cherchait à comprendre comment progressait la maladie et on ne mettait pas en quarantaine destructrice l’économie de pays entiers. Au Moyen Age on ne connaissait pas les virus, la quarantaine à laquelle était soumis un navire arrivant au port servait à savoir si oui ou non les nouveaux arrivants étaient malades, s’ils étaient malades ils mourraient et s’ils étaient sains, ils continuaient leur chemin ! La médecine occidentale n’a -t -elle pas fait de progrès depuis le Moyen Age?!
Ces fermetures autoritaires pendant de longs mois, des années entières, s’apparentent à un espèce de fanatisme destructeur de vie et de société, tels que les talibans ou Daesh l’avait pratiqué sur des sociétés conquises et captives. Et maintenant c’est l’Occident qui verse dans ce talibanisme irrationnel en interdisant les rencontres, les liens, la fête, la joie, la musique ! J’ai raconté à Mohamed ce que nous avons vécu comme une longue nuit destructrice à Paris, à Bruxelles, en Pologne et en Allemagne. Je lui parle aussi de la planification de la « pandémie » par le Global Health Security Initiative qui prouve que l’idéologie covidienne est bel et bien une politique mondialiste avec un agenda caché contraire aux intérêts des peuples et des pays souverains et que j’ai décrit dans mon article « comment en 20 ans la pandémie grippale a été préparée comme une guerre bioterroriste ». Comment en 20 ans la « pandémie grippale » covid a été préparée comme une guerre bioterroriste – WordPress (wikijustice-contre-la-dictature-sanitaire.com)
Ce n’est pas pour rien que les Nahdaouis qui essayent de reprendre par la force la Tunisie et la livrer au Qatar se servent du covid pour revenir à la dictature… Mais cela ne marche pas, le peuple tunisien ne les a pas laissé faire. Nous sommes heureux tous les deux de constater qu’une semaine après la révolte du 25 juillet les islamistes n’ont réussi aucun coup d’état. Nous espérons tous les deux que la présidence reprendra en main les gouvernorats et permettra à la vie sociale et économique de reprendre.
Ainsi revigorée, avant de partir, je suis heureuse de visiter le bureau de son association dans une très belle maison keffoise rénovée. Mohamed me présente deux jeunes archivistes constituant une base de données sur l’histoire de la ville ainsi que son chef de projet Mohamed Ali Rejebi.
Je visite avec eux le chantier de la maison du marabout Sidi Bou Loufa une belle maison du patrimoine historique du Kef. Mohamed Tlili me montre une exceptionnelle découverte: derrière la salle aux voûtes du 17ème siècle se cache un mur datant du quartier juif datant de l’empire romain !
J’admire les volumes blancs de la pièce fraiche, je me rends compte du chantier énorme que représentait le nettoyage du monument encombré de gravats et délaissé depuis des décennies. Après une sécurisation de la porte, le mausolée deviendra un très beau lieu d’exposition. Il n’y aura plus de dictature covidienne pour détruire tant d’efforts pour relever la ville du Kef et lui insuffler un nouveau dynamisme.
Je suis triste de devoir écourter mon séjour à cause des difficultés d’approvisionnement. Nous partons dès midi avec le louage à Tabarka craignant d’affronter des barrages policiers. Il n’est pas question pour moi de ne pas revoir la mer, nous nous dépêchons et nous avons raison. A Jendouba les louages stoppent tous et nous attendons plus d’une heure avant de voir arriver une correspondance pour Tabarka.
Je ne suis soulagée que lorsque je monte dans la voiture qui traverse la très belle montagne des chênes lièges du Kroumir. Mais ma joie est ternie par le fait que le propriétaire de la voiture a refusé de prendre un jeune papa et son fils qui partent aussi en vacances en bord de mer. Covid oblige, seulement 4 personnes sont autorisées, c’est absurde puisque les louages étaient plein à craquer de Tunis au Kef et du Kef à, Jendouba. Le jeune père et son enfant sont obligés d’attendre la voiture suivante, sous une chaleur de plomb.
[1] Tunisie – La Kasbah du Kef : Une Citadelle ottomane qui défie le temps (aa.com.tr)
[2] (2) Forum pour l’avenir du Kef | Facebook
Tabarka, la fin du covid en apesanteur
La route en lacets est très belle dans la forêt de Ain Draham à mille mètres d’altitude, l’arrivée en plongeon vers la Méditerranée magnifique. Nous prenons nos quartiers à l’hôtel les Mimosas, belle demeure des années 20 rénovée dans la style un peu tape à l’œil des années 80 mais situé sur une colline et avec une vue imprenable sur la mer. D’habitude lors de mes voyages à Tabarka je n’ai pas pu bénéficier d’une chambre dans cet hôtel car il est toujours réservé par les touristes algériens. Cet été les Algériens sont toujours interdits de sortie par leur gouvernement, l’hôtel à moitié vide et le prix soldé à 50% sur Booking. Je ne me lasse pas de contempler la verte montagne plongeant dans la mer depuis la fenêtre de notre chambre.
Cependant, un rapide coup d’œil nous permet de comprendre que l’ambiance de la ville est lourde de la dictature covid. Les restaurants et la cafés de la marina, lieu de promenade et de consommation touristique, sont fermés même avant 16 heures. Les touristes sont rares et se restaurent sur la plage ou dans les chambres louées. Les stands d’artisanats qui vendent d’habitude les bijoux de corail rouges, les ustensiles de cuisine en bois d’olivier et la poterie tunisienne sont vides car la vente se fait d’habitude le soir le long de la promenade du vieux port vers le pittoresque site des Aiguilles.
Mais le couvre-feu empêche tout commerce car les gens sont assignés à résidence dès l’après-midi et en journée il fait bien trop chaud pour se promener. Comme à Sousse les touristes, tunisiens du pays et de la diaspora, profitent donc de la belle plage des sable et de la mer peu profonde et évitent les emplettes. Je suis même frappée par l’esplanade vide autour du marché central ou en 2018 j’avais flanné des heures dans une profusion de stands plein d’objets divers, de bijoux, de tissus et d’accessoires de maison.
Le site de Tabarka est toujours aussi enchanteur, entre le fort gênois sur son piton rocheux, les ville du temps du protectorat aux maisons blanches et bleues, la marina, sa promenade, ses bateaux de pêches et de tourisme, les hôtels modernes un peu délabrés sur le front de mer avec leur cafés où j’avais naguère passé du temps à écrire et réfléchir en contemplant la note M(è)re Méditerranée.
Le 30 juillet 2021 cependant comme au Kef nous avons de la peine à trouver à manger. Le seul restaurant qui accepte de nous vendre deux plats (un « complet poissons » et des pâtes aux fruits de mer avec un Boga, limonade tunisienne) est la pizzeria Shéhérazade située au nord la marina, en face des bateaux de pêche et à 30 mètres de la police…
Nous sommes d’autant plus reconnaissant à l’aimable et courageuse serveuse qui fait si dignement son travail qui nous permet de manger et à sa ville de vivre qu’une voiture de police noire et blanche circule obsessionnellement sur la promenade – tactique éprouvée de la dictature covidienne pour déstabiliser le cours normal de la vie et décourager les familles avec enfants de sortir. Nous persévérons tant que nous pouvons jusqu’à ce que le patron nous fasse signe et alors nous quittons les lieux en le remerciant.
Nous reviendrons chez Shéhérazade plusieurs fois pour marquer notre soutien au restaurateur résistant. Je narre à mes compagnons tunisiens l’absence de courage dont ont fait preuve 90% des restaurateurs français, acceptant de se faire déposséder de leur commerce par une fermeture absurde et terroriste en échange d’un argent pour leurs charges et loyers que nous, citoyens, seront sommés de rembourser pendant des années.
Et maintenant ces restaurateurs qui n’ont jamais résisté seront l’instrument de l’instauration du nouvel apartheid fasciste avec le « pass sanitaire » ! De plus, je sais qu’ils sont au courant du pass sanitaire depuis juin car la plupart des tables et des vitrines de Paris arborent le fameux QR codes depuis leur réouverture le 9 juin ! En réalité l’intermède de du 19 mai au 9 août a servi à « mettre en bouche » les citoyens, leur faire croire que la vie normale allait revenir pour les précipiter dans le système impitoyable de contrôle et de traçage.
Après les rondes menaçantes des diverses polices, nous n’avons que peu de temps pour une première baignade dans la mer. La petite ville se vide instantanément à 18h45. Nous avons juste le temps d’acheter de l’eau et des friandises dans une dernière épicerie bientôt bouclée à double tour. Heureusement, nous nous réfugions dans le « confinement » de notre hôtel, mais nous avons le privilège de profiter du jardin sous les oliviers autour de la piscine avec vue la baie. Le bar est ouvert jusqu’à 22 heures et ce fut le seul lieu à Tabarka qui servait des bières ! La Celtia légèrement enivrante m’a fait oublier quelques temps la morosité de l’enfermement.
Le lendemain du 31 juillet je profite enfin de la Mer en me lavant de toutes les impuretés psychologiques des violences politiques subies. Et ce jour-là nous localisons enfin les restaurants de poissons, rue Ferhat Hached entre le marché central et les anciens entrepôts italiens du vieux port. Nous voyons en effet de notre chambre les petits bateaux de pêche partir tous les soirs derrière la jetée et revenir tous les matins.
Le poisson se retrouve ainsi dans les stands des petites poissonneries dans cette rue et il n’y a qu’à choisir, le poisson est immédiatement vidé, préparé et grillé sur un feu de bois par d’alertes serveurs pendant que les convives dînent sur des tables en plastique installées à même le trottoir longeant le bâtiment historique d’un club sportif.
Une très belle cuisinière complète nos plat de loups, de dorades, de maquereaux de Méditerranée, de seiches, de crevettes et de calamars frais par des frites de vraies pommes de terre, des salades, des omelettes tunisiennes ojjya ou tastira pour un prix très modique. C’est enchanteur. Nous y mangeons finalement tous les jours l’après -midi vers 18 heures car la police ne permet pas jusqu’au bout de mon séjour aux restaurateurs d’ouvrir après 19 heures comme si le covid circulait plus fort au moment où une agréable brise de nuit se lève… Après dîner nous consommons nos cafés chez notre fidèle Shéhérazade.
Le dimanche 1 août Tabarka se remplit enfin d’une foule de vacanciers, signe que quelque chose commence enfin à changer. J’arrive à acheter des souvenirs cadeaux dans quelques stands enfin ouverts sur la promenade du vieux port puis dans la magnifique bijouterie de corail en face de l’hôtel de France. Les cafés populaires situés dans les ruelles de ce quartier sont remplis d’hommes discutant de la situation politique. Mais surtout, grâce à l’ambiance paisible de la ville en journée, l’absence de masque dans les rues et de cette angoisse caractéristique de la dictature covidienne, quelque chose en moi a changé.
Je me suis levée le matin du 1 août 2021 comme en apesanteur. Je ne sais pas exactement comment, mais j’avais brusquement oublié le covid et la dictature. J’ai savouré mon petit déjeuner dans la grande salle de l’hôtel Mimosas en regardant la montagne verte de chênes lièges tombant vers la mer bleue. J’avais l’impression que tout cela, même le couvre-feu d’hier, n’avait été qu’un mauvais rêve.
J’observais mes voisins de table, des couples et des familles mixtes, franco- et germano-tunisiennes. J’ai même rencontré deux Polonaises mariés à des Tunisiens. Le plus beau fut de voir que tous arrivaient à Tabarka lestés de leurs masques symboles de l’angoisse covidienne, mais au bout de deux jours la magie opérait : j’ai vu même les plus angoissés enlever l’ustensile d’auto-torture, sourire et comme moi, circuler dans les couloirs de l’hôtel dans une bienheureuse apesanteur.
Les employés de l’hôtel nous observaient en souriant. Seuls les serveurs du bar gardaient un masque nonchalamment accroché à leur nuque. Les réceptionnistes accueillaient les nouveaux arrivants en masque puis enlevaient l’attirail le soir. J’étais ravie de voir leur visage et de pouvoir leur sourire dans ma réelle gratitude de me détendre ainsi et de reprendre forme humaine après toute cette violence qui nous a été imposée.
Le lundi 2 août 2021 mes amis me rapportent de Tunis des nouvelles politiques encourageantes : le couvre-feu politique est repoussé à 22 heures et les établissements peuvent ouvrir jusqu’à 20 heures. Les véritables vacances peuvent enfin commencer, il était temps. Je savoure ma dernière semaine de liberté et de la quiétude de mon lieu de villégiature, surtout les cafés et de la mer car je sais que des temps difficiles m’attendent en France.
Nous voyons des familles et des groupes de jeunes arriver à Tabarka et remplir la promenade du soir dans un va et vient joyeux et affairé. Un grand bateau de tourisme style « galion » est amarré dans le port. Il ne fait toujours pas d’excursiond mais de jeunes artistes nous gratifient d’un magnifique concert de légèreté et d’espoir avec juste quelques morceaux de musique et de pas de danse. Nous dansons ensemble, une foule digne, un peu sonnée et fatiguée, mais heureuse de vivre et de connaitre le prix de la vie et de liberté.
Malheureusement, nous avons encore été témoin des derniers soubresauts de la dictature covid en Tunisie : vers 19h30 plusieurs policiers débarquent sur la terrasse de notre café Shérérazade. « Le couvre-feu est à 22 heures, oui ou non » ? – Je m’indigne. L’ambiance de terreur revient. Des familles entières fuient en panique. La serveuse range sans se presser les tables de la terrasse qu’elle dessert. Le patron invite les clients restants à se réfugier dans la salle de l’intérieur décorée de belles mosaïques. Nous persistons à rester assis devant notre café-citronnade sur la terrasse dans une attitude de résistance passive.
La police revient encore une fois, des espèces de milices en civil, la voiture militarisée stationne devant le café pour faire peur aux convives. J’en ai tellement marre de cette terreur que les mots me manquent. Nous sommes toujours assis et je filme discrètement alors que les serveurs sont sommés par la police de ranger leur lieu de travail. Nous nous levons les derniers. Mes amis discutent avec les témoins qui confirment que le « Shéhérazade » subit les razzias illégales des flics car il refuse de payer leur racket. Les autres cafés de la marina qui n’ont pas eu le courage d’ouvrir pendant le confinement mais affichent maintenant complet après 20 heures, auraient, selon les témoins, obtenu l’autorisation tacite d’ouvrir le soir en échange d’un tribut.
Le covid est toujours une affaire de corruption, ici comme en France.
Sejnane ou la Civilisation Méditerranéenne éternelle
Le mercredi 4 août je fais le voyage en voiture louée à Sejnane, le village des potières antiques. Nous traversons un paysage féérique, une campagne opulente, des vergers de fruits et d’oliviers, des pâturages, des forêts de chênes lièges, le lac du barrage Sidi El Barrak entre les montagnes vertes du Cap Negro et du Cap Serrat. Nous traversons de gros bourgs riches comme Nefza et des localités plus petites, un peu enclavées mais bien situées. Encore quelques lacets dans la montagne et nous arrivons à Sejnane, une localité assez grande, plutôt bétonnée. Les villages des potières se trouvent à 3 kilomètres de la ville sur la route de Tunis.
Les potières sont agricultrices et pratiquent leur art depuis des temps immémoriaux en transmettant leur savoir-faire de mère en fille afin de simplement fabriquer des objets usuels. C’est tout un héritage puissant de la Méditerranée millénaire qui est contenu dans les formes d’argile locale, les fins dessins, les couleurs ocres, rouges et noires naturelles. Les poteries des femmes de Sejnane étaient jusqu’à peu méconnues et même méprisées. Les guides touristiques d’avant la Révolution de 2011 ne mentionnent même pas l’art des femmes de Sejnane.
Heureusement des associations tirèrent ce savoir-faire de l’oubli après 2011 pour valoriser économiquement et touristiquement la région. J’avais déjà entendu parler des poteries de Sejnane en 2012 dans des conversations à bâtons rompues au café de l’Univers avec de jeunes Tunisiens sur les beautés de la Tunisie. Mais c’est en 2014 que j’ai découvert le film sur les potières et leur art. Depuis j’ai voulu revenir pour le voir sur place, mais il me semblait que le village est très lointain et enclavé. En fait, je me rends compte que c’est une fausse information : des louages partent de Tunis à Sejnane plusieurs fois par jour et les jeunes quittent évidemment la région pour étudier et travailler dans la capitale.
Depuis 2017 l’action populaire a été couronnée de succès et l’art des potières de Sejnane a été reconnu comme Patrimoine Mondiale Orale de l’Humanité de l’UNESCO. Mais cela n’a pas changé le cours du quotidien: des hôtels comme celui ou je réside à Tarbarka auraient pu organiser des visites vers la localité, à minima informer le touristes et les inciter à y aller, mais rien n’est fait pour faire connaitre l’art des potières en dehors des cercles associatifs et artistiques.
Les stands de poteries accueillent le voyageurs simplement sur le bord des routes. Je suis charmée devant les bols, les plats, les vases, les paniers, les jarres, les petites sculptures, tortues, oiseaux, chèvres… On se croirait dans un musée archéologique, en Grèce, le Asie Mineure, en Bulgarie, en Italie, tellement les formes et les dessins sont les mêmes que ceux de l’antiquité, du néolithique à la Grèce archaïque !
Les poteries sont rouges ou claires avec des dessins de poissons, d’oiseaux, de forme géométrique et symboliques, ou noires, toutes aussi puissantes. Celles que je préfère sont les poupées archaïques qui rappellent les poupées symboliques de la Grèce antique, symboles d’union, de fertilité, de fécondité et de force de vie. Ces poupées méditerranéennes, sous le nom de Phoebus et Athena avait été judicieusement choisies par les Grecs comme mascotte des Jeux Olympiques de 2004 à Athènes.
Malheureusement je sais que mon voyage de retour sera sportif à cause des obstacles que le régime Macron fait aux arrivants de Tunisie avec ses mesures covid, je ne peux donc transporter d’objets trop fragiles ou volumineux. Pourtant la poterie de Sejnane est vernissée donc tout à fait adaptée à l’usage courant.
Ainsi me l’explique la jeune artiste, Dalinda, qui vient vers nous et nous invite à voir son atelier installé dans un hangar ainsi que les objets finis entreposés dans des remises agricoles. De métier Dalinda est préparatrice en pharmacie, mais elle l’a quitté suite à une formation associative visant à pérenniser le savoir-faire que lui avait transmis sa mère[1].
Elle est fière de nous montrer son travail, son petit établi et les stocks d’argile locale qui sont sa matière première. Elle travaille sans tour, à la main, et sa production est cuite dans un « four » d’une simplicité archaïque – deux grilles entre lesquelles se consument des bouses de vaches. De toute façon nous sommes toujours dans l’exploitation agricole que gère sa famille et l’agriculture reste la première source de revenus.
Les chiens et les chats, poules, canards et chèvres nous accompagnent dans notre visite.
J’aurais aimé acheter et emporter beaucoup de ces merveilles mais je dois penser à mes kilos de bagages dans l’avion. Je choisis deux bols aux dessins de poissons très fins et un récipient de terre noir aux reflets luisants. Nous discutons de la vie, des prix, si Dalenda arrive à vivre de son art, comment voit-elle le développement de son travail… Je serais volontiers restée toute la journée pour comprendre le mode de vie et les problèmes des potières, mais hélas la voiture n’est louée que pour quelques heures et notre chauffeur s’impatiente. Il est de Tabarka et trouve peut-être que nous accordons trop d’importance et d’argent à ce travail de femmes…
Je suis obligée de quitter les lieux avec mes achats d’autant plus à regret que c’est mon dernier jour de vacances en Tunisie… Le lendemain je quitterai Tarbarka pour Tunis, après-demain je dois faire le test PCR pour prendre l’avion samedi 7 août pour l’Italie….
Mon cœur se serre car je ne sais pas ce qui arrivera cette année. Est-ce qu’on sera encore vivant, comme je le dis à mes amis, après mes tristes expériences de la dictature covidienne en France.
Cependant, le soir à Tabarka, au soleil couchant, l’heure est à l’optimisme. Le gouvernement présidentiel en Tunisie a libéré les énergies, les touristes affluent, l’hôtel des Mimosas est rempli et la foule estivale déambule enfin sur la promenade du soir devant les cafés et restaurants pris d’assaut. Mes amis sont attendus à Tunis pour de nombreuses réunions politique de la gauche tunisienne. Je suis heureuse que les Tunisiens ont pu récupérer un peu plus de souveraineté et contente pour moi aussi car ma souffrance de l’année écoulée de dictature sanitaire a presque été effacée de ma mémoire. En tout cas je suis plus apte à affronter les luttes qui m’attendent en Europe.
[1] [1][3] (20+) Poterie Sejnane | Facebook
L’Union Européenne contre la Tunisie
Le retour est plus que mélancolique par la campagne vallonée parsemée de haies et de cyprès entre Nefza et la belle ville de Béja, cette région appelée la Toscane tunisienne. Le protectorat y avait donné des terrains de cette vieille terre agricole très fertile aux colons italiens.
Il en reste le fromage sarde de Béja que j’avais découvert lors de mon périple en 2016. Mais je n’ai pas le temps de m’arrêter à Béjà. Mon dernier jour à Tunis doit être consacré aux préparatifs du départ.
J’effectue le test PCR au bout de l’avenue de la Liberté, non loin de l’avenue Pasteur, dans un laboratoire qui m’a été désigné par des amis qui ont récemment voyagé en Angleterre. Le lieu est accueillant et les jeunes préparatrices sont très délicates, elles ne forcent pas sur la torture de l’écouvillon dans le nez. Le résultat médical, évidemment négatif, est disponible dans l’heure, comme mon amie biologiste l’avait préconisé, mais il faut attendre la confection du fameux QR code exigé par l’Union Européenne. Entre temps, je fais mes derniers achats et mes derniers adieux.
Je profite aussi du café en face d’un des siège régionaux de l’UGTT à côté de la belle maison du Syndicat des Journalistes où en avril 2015 avec les militants ukrainiens et les journalistes tunisiens nous avions tenu notre réunion d’information sur le crime du 2 mai 2014 à Odessa.
La dernière soirée est forte en dernières rencontres. Mon émotion est à son zénith. Je voudrais rester, tellement j’appréhende la violence du système en Europe. Je ne me suis jamais sentie aussi libre en Afrique et aussi opprimée sur le continent européen que j’aime pourtant aussi, puisque l’Europe est ma patrie. Mais la souveraineté retrouvée de la Tunisie me galvanise et j’emporte avec moi l’espoir de la Victoire des Droits de l’Homme, de la Justice et de la Liberté. Les puissantes manifestations en France contre le pass sanitaire semblent me donner raison.
L’embarquement à Carthage le samedi 7 août se déroule néanmoins dans un stress intense. Tout d’abord bien qu’arrivée très tôt le matin, à plus de deux heures du décollage, je suis surprise par la queue qui est formée devant l’entrée du bâtiment de l’aéroport et très en colère lorsque je comprends qu’un homme en civil, vêtu d’un simple tee-shirt et d’un jean, sans aucun insigne de rien du tout est la source de cette attente : il se permet de vérifier les tests PCR à l’entrée ! Sans test, on ne peut plus entrer dans l’enceinte de l’aéroport ! Cet homme applique donc illégalement le pass sanitaire pour entrer dans un bâtiment public alors qu’il n’y aucune loi en Tunisie qui le décide !
Les gens sont très stressés car cette attente peut leur faire rater l’avion, le ton monte dans la file et je ne suis pas la dernière à toiser l’homme en lui demandant de quel droit il veut avoir accès à mes données de santé… L’homme, dont on ne sait rien qui il est, parait trop débordé pour répondre, heureusement il me laisse passer après un coup d’œil superficiel sur mon papier, mais je trouve cela suffisamment humiliant.
Je ne suis pas au bout de mes peines. Je me dirige vers le comptoir d’enregistrement en me préparant à écrire à l’aéroport, à la présidence, à Tunis Air pour leur signaler l’illégalité de cette procédure. Je n’ai pas le temps de comprendre qu’un autre pavé me tombe sur la tête : les personnes qui attendent au check in de Tunis Air sont au bord des larmes et dans une angoisse indescriptible. Ils et elles crient, se bousculent, pianotent frénétiquement sur leurs téléphone. L’heure tourne et il ne reste même pas une heure pour le décollage. Que se passe-t-il donc ? L’employée au sol est sèche et désagréable. Elle me signifie que je ne rentrerai pas dans l’avion sans une autorisation spécifique exigée par le gouvernement italien. Quoi ? Mais rien n’était marquée ni sur le site de vente du billet ni sur le site de Tunis Air ! J’avais bien vérifié en faisant ce maudit test et pour ne pas avoir de surprise ! C’est quoi encore, cette invention italienne ?!
Je suis comme tout le monde dans tous mes états car le fameux papier n’est pas disponible en format papier mais il faut entrer sur un site internet de l’Union Européenne et s’inscrire dessus pour ramasser encore un QR code, sinon, comme le dit un commandant, qui n’est pas plus aimable que les hôtesses, « vous ne partirez nulle part ». La menace est forte pour des personnes qui ont payé cher le billet, qui doivent rentrer pour du travail dans une Europe qui était « normale » encore l’année dernière, mais qui maintenant multiplie les chicanes à l’encontre de ses propres ressortissants ou résidents légaux, ce qu’elle n’a jamais fait autant dans son histoire.
Je finis par comprendre que c’est l’Italie qui a imposé cet espèce de pass sanitaire aux Tunisiens comme le président tunisien refuse de donner l’ADN de ses ressortissants dans la base de données européenne. Sinon les avions tunisiens sont interdits d’atterrissage en Europe. Je suis très en colère contre les élites covidiennes qui détruisent la liberté de circulation, mais aussi contre les pilotes de Tunis Air qui auraient pu simplement refuser de décoller l’avion tant que les autorités italiennes n’auront pas donné un accès facile à ces documents, au lieu de nous menacer individuellement que nous abandonner sur place alors qu’on a payé cher notre trajet.
Comme il n’y a pas d’internet dans l’aéroport, je dois téléphoner à une amie pour lui faire remplir le papier sur le site italien et m’envoyer le lien avec le QR code par Messenger. Tous les voyageurs sont au même point et cette opération angoissante dure presque deux heures. Puis il faut courir pour passer le contrôle de passeport, avec le masque partout, puis le portique de sécurité, puis courir à la bonne porte…
L’avion est en retard, mais c’est un moindre mal, je suis si épuisée que je décompresse d’un coup une fois assise, malgré ma difficulté à respirer avec le bâillon. Les Tunisiens sont silencieux et tendus. Le retour sur en Europe est lourd de menaces. L’une de ces menaces se présente sous forme d’un épais formulaire, encore un, rédigé en Italien que les hôtesses nous distribuent sans toutefois les sempiternelles menaces covidiennes qui accompagnent invariablement ce genre de distribution. Je déchiffre néanmoins que l’Italie nous force à faire une quarantaine avec menaces de poursuites judiciaires, de prisons et de lourdes amendes. Je suis excédée, je vais dans l’espace Shengen et je ne suis pas censée parler Italien dans un espace international. Je ne remplirais le formulaire qu’en Anglais.
Depuis la dictature sanitaire j’ai perdu le plaisir des arrivées à destination en avion, tellement les questions « mais qu’est-ce qu’ils vont encore inventer contre nous » assaillent les voyageurs. L’Europe, espace ouvert « ou la circulation est libre », dixit le traité de Lisbonne et le TCE, est devenu un camp d’enfermement. L’ambiance légère de retour des vacances a cédé la place à un vide glacé de couloirs jalonnés d’ordres et de menaces covidiennes. Les aéroports se transforment sans que les Européens s’en rendent compte en « ports d’arrivée et ports de départs » mentionné dans le Pacte des Migrations Sûres Ordonnées et Régulières de l’ONU signé par l’UE dont les dangers pour nos droits fondamentaux sont passés totalement inaperçus[1].
[1] HCDH | GlobalCompactforMigration (ohchr.org)
https://undocs.org/fr/A/RES/73/195
La dictature covidienne en Italie
L’aéroport de Milan en est un exemple frappant. Nous sommes à peine 200 voyageurs isolés dans d’immenses couloirs vides comme si aucun autre avion n’atterrissait dans ce qui fut un des plus grands hubs de transit en Europe du Sud.
A 30 mètres des guichet de police aux frontières deux femmes vêtues d’uniformes non identifiées m’attrapent et me crient que je n’ai pas le droit de me diriger vers la police aux frontières sans passer par la pièce qui se trouve derrière elles. « Et nous allons prendre votre température corporelle » rajoutent elles fières devant leur machine. En deux secondes c’est fait. La machine est un scanner corporel fonctionnant à 3 mètres de distance… Je frémis. Evidemment c’est une violation de mon intégrité physique à laquelle je n’ai pas consenti. Car que voient-elles de mon corps dans leur écran ? Peut-être tout ? Mes intestins, mon foie, mon cerveau, mes ovaires ? Et qui conserve ces images de ma plus profonde intimité que même mon gynécologue n’a pas vue ?
Mais le régime de dictature ne me donne pas le choix. Il exerce son chantage : le droit de rentrer à la maison, en échange du viol de mon intimité.
Mais je refuse obstinément de remplir et de signer les 5 pages d’engagement de quarantaine et autres informations inquisitoriales sur ma santé.
Je prends les feuilles que les Tunisiens captifs remplissent dans la salle d’attente et je reviens vers les demoiselles du scanner. Je leur demande un formulaire en Anglais car je ne fais que traverser l’espace Shengen et je ne reste pas en Italie. D’accord, elles consentent à ce que je ne remplisse qu’une seule feuille covid avec adresses de résidence, adresse de contact, toute la panoplie du pseudo contrôle destinée à faire peur, sans que je ne comprenne quelle type d’autorité elles détiennent… Je ne donne que mon adresse polonaise et je présente mon passeport polonais aux policiers italiens. Lesquels ont visiblement marre du covid : ils me demandent seulement ou je vais, je réponds chez moi en Pologne et c’est parti, ils vérifient mon passeport et me souhaitent la bienvenue. Une grande différence entre ces professionnels et les illuminés du contrôle covidien, assurément.
Je n’ai pas envie de perdre mon temps dans ces milieux hostiles, je reprends mes bagages et je me précipite vers le train de banlieue qui va m’amener dans la gare centrale de Milan. C’est mal indiqué, le billet coute 10 Euros, mais je parviens retrouver le train est qui est vide et qui met presque 1 heure pour arriver Milan. Je reconnais avec émotion l’austère gare d’architecture mussolinienne ou j’ai tant de fois pris le train de nuit Milan-Paris dans mes retours de Grèce par l’Italie. J’ai vérifié que ce train existe toujours, en théorie le pass sanitaire ne devrait être appliqué qu’à partir du lundi, mais ce train a toujours été très surveillé par des contrôles militaires aux frontières. Je crains donc que la police française ne me laisse pas passer avec mon test PCR de Tunisie.
Lorsque le train de banlieue arrive à la gare de Milan, il y a du monde qui se presse sur les quais pour partir en vacances. Mais je remarque très vite que les Italiens sont tristes et abattus, cela se voit malgré le masque dont je ne sais pas s’il est obligatoire, heureusement tout le monde ne le porte pas. Mais la tension est palpable. La gare a été rénovée depuis que je suis passée, les deux magasins de souvenirs et les deux vieux cafés ont disparu, remplacés par des boutiques plus luxueuse de cosmétiques et de bijoux et par des chaine de restauration.
Ce qui me frappe c’est le vide total des boutiques alors que la foule est assez dense dans l’enceinte de la gare. Je ne tarde pas à comprendre pourquoi lorsque j’avise un petit café un peu plus sympa ou des gens consomment leur espresso debout, à l’italienne. Je pose mon sac et je commande un café. La serveuse baisse le masque pour que je l’entende bien et dévoile un visage avenant mais soucieux : « Je ne peux vous vendre le café que debout, si vous voulez vous assoir il faut avoir hélas le green pass ». Le pass sanitaire… Il est donc obligatoire dans les magasins que les Italiens boycottent donc consciencieusement. A côté du café se trouve en effet un restaurant dans lequel il n’y a aucun client, toutes les tables sont vides…
Je paye mon café, je le prends et charriant mon lourd sac à dos je dois m’asseoir par terre comme j’ai dû le faire pendant 1 an de dictature covidienne à Paris. Dans mon pays, l’Europe, pour laquelle j’ai consacré ma vie de lutte et que j’aime, je suis ravalée au rang d’une paria. Je ne m’habitue pas et je ne consens pas à cette humiliation mais pour l’heure je ne peux pas le changer.
De plus j’ai besoin d’aide pour ouvrir mon téléphone et changer la carte sim, j’entre donc dans une boutique adéquate. Heureusement le vendeur est très affable, il m’aide à mettre en route ma carte française. Comme ce service est gratuit, il n’est pas soumis au pass sanitaire, alors que la boutique reste vide de tout client.
Je m’installe par terre avec mon ordinateur pour finaliser la recherche de co-voiturage Milan Paris sur Bla Bla Car. Je n’ai pas d’autre choix que le co-voiturage car les bus et le trains vont probablement refuser mon test tunisien. La recherche est chaotique. Il y a bien des personnes qui partent, je suis d’abord acceptée par un conducteur, puis inexplicablement refusée, alors que je n’ai que de bonnes appréciations sur mon profil. Je recommence avec une deuxième personne et je dois attendre. Je choisis ceux qui partent de Milan vers les petits villages de Savoie en me disant qu’il y aura moins de contrôle, après tout c’est une circulation transfrontière. Mais alors je dois dialoguer avec les conducteurs pour comprendre leur itinéraires. J’écris des messages via Bla Bla Car car l’accès aux téléphones des conducteurs m’est inexplicablement refusée.
Un des conducteur me révulse car il exige le pass sanitaire des voyageurs alors même que ce n’est pas obligatoire. Je ne me prive pas pour lui expliquer pourquoi je refuse de partir avec lui après avoir été initialement acceptée. Entre temps, l’heure tourne. Je suis arrivée le matin et voilà qu’à 14 heures que je stagne toujours en gare de Milan assise comme une clocharde par terre, les batteries de mon matériel s’épuisent alors que je ne peux plus les recharger dans un café…. J’en ai marre et je décide de faire le pari que la dernière co-voitureuse qui part de nuit finira bien par me prendre, je dois donc aller à Gallarate, une commune de la banlieue nord de Milan pour la rejoindre.
Encore un voyage en train de banlieue vers le nord de la ville. Gallarate est une ville assez grande, avec un centre-ville assez riche construit autour de beaux immeubles et d’églises du 16 et 17 siècle. Mais ce sont surtout les imposantes friches industrielles le long de la voie ferrée qui signalent à la fois l’industrialisation milanaise du 19 siècle et sa disparition à la fin du 20ème… Lorsque j’arrive dans une gare tranquille entourée d’immeubles très propres d’après-guerre, je suis frappée par l’ambiance sereine. Je vois la terrasse d’un petit café ou plusieurs hommes sont attablés. Je comprends que ce café ne fait pas de pass sanitaire. Et c’est vrai. Je commande mon café, je m’assieds, je recharge mon téléphone, je sors mon ordinateur et la jeune serveuse très aimable ne me demande rien d’autre que quelques euros… Un peu plus tard, je verrai sur les murs des affiches appelant à la manifestation contre le pass sanitaire qui se déroule aujourd’hui même, samedi 7 août à Milan.
Je suis si contente mais si fatiguée que je décide de rester. Je trouve une chambre sur Booking tout près de là et lorsque je finis mes consommations, je me mets en route avec mon sac vers la chambre. C’est un beau bâtiment historique bien rénové situé au-dessus d’une boulangerie bio, le genre d’endroit alternatif qui a dû être une adresse de référence pour les touristes de l’Europe d’avant le covid, c’est-à-dire il y a un an et demi. La boulangerie est fermée, il faut appeler à un numéro. Un quart d’heure après une femme très aimable vient me donner la clé. Je crains des réflexions sur le pas sanitaire, mais non, on se comprend sans paroles entre résistants à cette horreur.
Je suis si heureuse d’être dans la normalité de la vie, que je ne me formalise pas d’avoir encore été refusée par la conductrice de nuit. Je comprends naturellement que tout le monde veut rentrer en France en co-voiturage pour éviter le pass sanitaire, mais je me dis qu’il vaut mieux se reposer pour repartir le lendemain de bon pied. Après tout, je suis déjà tout près de la France. Historiquement, entre la France et l’Italie ce n’est même pas une frontière… Il y aura forcément d’autres départs le lendemain.
Je profite bien de la chambre mais je suis seule dans tout l’hôtel alors qu’on est au mois d’août… Mais le plus intéressant se dévoile lorsque je quitte la chambre pour me promener dans le centre historique et trouver de quoi manger. Le bâtiment voisin est en effet l’Ospedale San Antonio Abate, l’hôpital San Antonio. Ce beau bâtiment en briqu du 19 siècle est vidé, une grue effectue des travaux qui, comme pour les hôpitaux parisiens, signalent sa transformation probable en hôtel ou autres centre commercial…
Seule la partie moderne des années 60 subsistera de cette destruction planifiée comme pour la Salpetrière, Lariboisière et Bichat. Brusquement je comprends que je suis au cœur de la banlieue de Milan ou la prétendue « pandémie covid » a éclaté en Europe en février 2020 et dont le terrifiant storytelling a joué un rôle crucial dans la mise en place de la dictature covidienne sur notre continent.
Comme je le pensais, le covid est ici comme à Paris l’instrument d’une gigantesque opération immobilière, une dépossession des populations de leur patrimoine historique et économique au profit d’une nouvelle ou ancienne élite qui cherche un pouvoir absolu sur les corps et sur les esprits.
Je parcours les rues en me remémorant les images terribles montrées partout en mars 2020 des cercueils, des sacs mortuaires et des prétendus soignants en tenue de cosmonautes. La propagande ne nous indiquait évidemment pas dans quelle localité ces images étaient censées avoir été prises, elle parlait toujours vaguement de la « banlieue de Milan », de « Lombardie »…Je ne sais pas si Gallerate a été un épicentre de l’épidémie covid ni un des lieu de la narration, ce que je vois est que non seulement l’hôpital local est vendu et transformé, mais une rapide promenade dans le centre historique me permet aussi de constater que 50% des beaux immeubles anciens et des commerces est à vendre ou à louer.
Ce spectacle me rappelle la crise grecque de 2010-2015, avec la désolation des « louketa », les cadenas sur les rideaux de fer des magasins symboles de la chute économique et sociale du pays. La politique du covid est une chute immense de l’Europe de l’Ouest la plus exposée à la finance mondialisée, la France et l’Italie. On l’a prévu depuis 10 ans mais le vivre est tout autre chose que de le pronostiquer. C’est terrifiant.
Cependant, quelques restaurants ont gardé leur terrasses sur la grande place en face de la splendide église baroque di San Rocco ou les fidèles se pressent. Le soir tombe, des enfants jouent, les jeunes se promènent, seuls des masques persistants sur les visage de certains rompent l’ambiance paisible. Je comprends vite que les restaurants qui exigent le pass sanitaire ont entouré leur terrasses de barrières pour parquer le troupeau humain. Je m’approche prudemment d’un restaurant ouvert sur la place dont la terrasse est bien occupée.
Je m’assieds naturellement à une table et je consulte le menu. Le serveur est affable, il m’apporte mon verre d’excellent vin blanc et une énorme planche de succulente charcuterie italienne. Il ne fait aucune allusion, je savoure et je paye en les remerciant chaleureusement. J’en profite bien car je ne pourrai pas manger dans un restaurant jusqu’au 25 septembre.
Je passe une nuit paisible dans ma belle chambre, mais le matin je m’aperçois que les conducteurs de co-voiturage qui m’ont acceptée puis refusée remettent quasi systématiquement leur offre de place sur le site… Quelque chose ne va pas… Alors je regarde mes mails et je comprends : Bla Bla Car a censuré TOUS mes messages envoyés aux conducteurs ! Même les plus anodins comme demandant des précisions sur le lieu de rendez-vous ? Les conducteurs donc, ne me voyant pas répondre à leurs messages croyaient que je n’étais plus intéressée !
Pourquoi cette censure ? Est-ce en lien avec mon message de refus du pass sanitaire sur le profil de celui qui l’exigeait ? Très probablement. Bla Bla Car est dans les mains de financiers qui ont l’air tous très macronistes avant d’avoir été vendu à une autre entreprise phare de l’idéologie covidienne, la SNCF[1].
Le temps passe et je commence à stresser. Comment arriver en France ? Les offres de co-voiturage disparaissent les uns après les autres du site, même pour d’autres villes que Paris. Dois-je aller à Nice ou Marseille qui sont plus près ? Mais comment faire avec le pass sanitaire exigé par la SNCF ? Une dure journée commence après ma dernière soirée de repos.
Je quitte à regret l’hôtel et je cours avec mon sac vers une autre banlieue de Milan dans l’attente qu’un Espagnol passant en France confirme qu’il m’accepte. Peine perdue, à peine arrivée dans gare moderne sans âme après 1 heure de train, il se désiste et me refuse. Je n’ai pas d’autre choix la mort dans l’âme que d’aller à la gare routière tenter un Flixbus.
Encore une heure de métro. La gare routière n’est pas une gare mais un parking très sale, bruyant et complètement dépourvu d’infrastructures pour toutes cette foule de pauvres qui veulent rentrer chez eux. Beaucoup de jeunes Italiens, Français et Européens de l’est car des bus de Roumanie et de Pologne s’arrêtent aussi à cet endroit. Mais on commence avec le covid à s’habituer à être traités comme des bêtes, contents simplement que l’Etat nous permette encore de voyager et ne nous enferme pas dans une cage au prétexte de je ne sais quelle menace pseudo-sanitaire…
Il n’y a pas à proprement parler de guichet d’information, l’homme qui vend les billets n’est pas un salarié des compagnies de car. Je redoute que les chauffeurs du Flixbus, que j’ai bien connu dans un rôle de kapo covidien sur les routes d’Allemagne-Pologne-Angleterre l’été dernier, ne me laissent pas monter dans le bus sur ordre du gouvernement français en voyant que je viens de Tunisie. L’homme confirme que les chauffeurs contrôlent bien les tests PCR. Je risque de perdre mon billet qui ne sera jamais remboursé et qui coûte la bagatelle de 150Euros… plus cher que l’avion de Tunisie ! Flixbus se rattrape très bien de la prétendue crise sur le dos des Européens pauvres.
Après réflexion je comprends que je n’ai pas le choix, je décide donc d’acheter un billet pour Lyon, car le bus part à 15 heures, si je suis refusée je ne perdrai pas autant d’argent et j’aurai le temps de trouver une solution. Je me repose les dernières heures avant le grand saut dans les hautes herbes d’un pré qui jouxte la gare, c’est toujours plus propre que d’attendre dans les ordures qui jonchent le bitume du parking. Un commerçant roumain a judicieusement installé un camion dans le pré, quelques chaises, et y vend des sandwich, de la bière et du café. Ce sont mes derniers instants de tranquillité avant d’affronter les terrifiants transporteurs covidiens.
A 15 heures, je suis angoissée quand arrive le Flixbus en partance pour Lyon. Nous ne sommes que 5 voyageurs, tous Français, preuve que tout le monde redoute le pass sanitaire et essaye de voyager le plus possible en voiture et que Flixbus a touché beaucoup d’argent du covid pour faire circuler des bus vides, chose qu’il ne faisait absolument pas avant mars 2020. Flixbus ne circulait jamais à vide et annulait simplement les bus prévus.
Soulagement, le chauffeur est un jeune Italien qui porte le masque avec une nonchalante ironie. Surtout, lorsque je lui présente mon billet et mon passeport, il ne me demande pas de test PCR… Une fois dans le bus je suis presque folle de joie, j’annonce la bonne nouvelle à mes amis qui suivent ma progression dans cette Europe devenue hostile à ses citoyens et me conseillent.
Mais hélas, ce n’est pas fini, il peut y avoir un contrôle à la frontière. En tout cas le chauffeur de car n’a pas l’intention de jouer aux kapos covidiens et s’est un bon point pour lui. Je peux admirer la montagne mélancolique entre l’Italie et la France cachée sous mon voilé anti-masque. Je commence à me détendre quand nous traversons les tunnel et nous arrivons en France. Enfin.
Mais hélas, le bus s’arrête… Le traité de Lisbonne est mort, les frontières sont surveillées alors même que nos Etats ne sont plus souverains, c’est l’espèce de secte covidienne qui donne des ordres à nos polices nationales. Justement, un jeune policier monte dans la voiture, prend une grande inspiration et annonce « contrôle du pass sanitaire s’il vous plait » !
Je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi humiliant depuis au moins 30 ans. C’est bien pire que l’ambiance autoritaire des frontières du défunt système du socialisme réel qui était autoritaire et policier surtout en Tchécslovaquie et en RDA, la police polonaise avait toujours été plus aimable, plus cool et aussi plus perméable aux « cadeaux », comme un paquet de café, du chocolat ou un billet de 50 dollars glissé dans la couverture du passeport…
Je pleure de rage et de honte, j’en oublie presque mon angoisse d’être sortie du bus par la police et arrêtée à la frontière car je ne peux cacher avec mon test PCR que je reviens de Tunisie. L’homme s’arrête devant moi, sa muselière ne me permet pas de deviner ses émotions. Je présente toujours mon passeport en premier, puis le résultat du labo tunisien. Je lui dis « je ne comprends pas ce qui se passe ici car je suis partie depuis plus d’un mois ».
Je crois l’entendre soupirer. Il me rend la feuille. C’est fini.
Je suis en France comme dans une prison, comme jamais je n’ai vécu un retour en France. L’arrivée à Lyon est morne, mais j’y trouve un autre Flixbus qui m’amène à Paris.
En Tunisie, le couvre-feu politique et repoussé à minuit.
Le covid est fini, la rue est normale. La lutte pour la souveraineté a gagné une première bataille aujourd’hui grâce à la Tunisie.